1998. Quatre ans après le génocide rwandais, dix artistes africains, les écrivains Véronique Tadjo, Koulsy Lamko, Nocky Djedanoum, Boubacar Boris Diop, Monique Ilboudo, Vénuste Kayimahé, Jean-Marie Vianney Rurangwa, Tierno Monénembo, Meja Mwangi, Abdourahman A. Waberi, le sculpteur Bruce Clark et le cinéaste Samba Félix N’Diaye, formant le collectif “Écrire par devoir de mémoire”, se rendent sur les lieux de la tragédie. Deux mois durant, ils visitent les sites du crime, dialoguent avec les survivants, questionnent les bourreaux. Leur but : transformer les souvenirs fragmentés du génocide en une mémoire collective, mettre en mots l’innommable, trouver une forme dépassant les limites entre l’écriture factuelle et l’écriture fictionnelle afin de saisir le génocide dans toute son horreur et sa dimension humaine. Comment dire l’indicible ? C’est à cette question que s’applique à répondre cet essai.
Spécialiste en littératures francophones et théories post-coloniales, Anabel Apap est docteur des Universités de Paris Sorbonne et de Malte. Ses recherches actuelles portent sur les questions migratoires dans la littérature et le cinéma méditerranéens et africains subsahariens.